Aujourd’hui, j’accueille Clément Delafargue, CTO / Tech Lead chez Clever Cloud. Pour comprendre le métier de Clément, je me suis rendu sur son profil LinkedIn : Scala, Javascript, Haskell, Web Front, SQL (postgres) / noSQL (Riak, RiakCS, Mongo, Titan)… puis j’ai renoncé.
Au final, le format interview me semblait plus adapté. Je laisse donc Clément répondre à mes questions et nous présenter Clever Cloud, une startup bien connue dans l’éco-système nantais !
1) Bonjour Clément, peux-tu te présenter et nous présenter Clever Cloud ?
Bonjour, je suis développeur et entrepreneur, j’ai créé ma première boîte en 2009, en 2e année d’école. J’ai rejoint Clever Cloud un peu après sa création, en tant que CTO. Clever Cloud apporte l’automatisation de l’IT à ses clients. Un peu comme la révolution industrielle a permis de remplacer la force humaine par la mécanique, on est en train de remplacer une partie des tâches intellectuelles par l’informatique. Chez Clever Cloud, notre but est d’automatiser la gestion des serveurs pour que nos utilisateurs puissent se concentrer sur leur cœur de métier.
2) Clever Cloud est installé à Nantes depuis ses débuts. Qu’aimez-vous ici et qu’est-ce que vous apporte le tissu nantais ?
Le dynamisme de Nantes et son ancrage dans le numérique est un vrai point fort pour les start-ups. L’écosystème est très soudé et sait faire front ensemble (comme on a pu le voir suite à l’incendie de la Cantine). Sur un plan plus personnel, la qualité de vie à Nantes est incroyable, c’est pour ça que j’ai décidé de m’y installer à la sortie de mes études, plutôt que de retourner en région parisienne.
3) Suite à une année 2015 difficile, vous êtes désormais plus solides. Quels impacts côté humain dans vos équipes ?
L’année 2015 a effectivement été difficile, avec la procédure de redressement judiciaire. L’équipe est restée soudée et nous n’avons pas eu à déplorer de départ pendant le RJ, d’une part grâce à notre culture (notre animal emblématique c’est un peu le cafard, capable de résister à une explosion nucléaire), mais aussi parce que depuis 2015 on affiche une croissance forte. Le redressement nous a permis d’assainir notre situation et de nous donner les moyens d’entretenir cette croissance.
4) Vous êtes tournés vers l’international, était-ce une volonté depuis le début ou est-ce la demande étrangère qui est venue à vous ?
Clever Cloud a toujours été gérée comme un projet open source : équipe distribuée, télétravail, transparence dans le fonctionnement. La position géographique à Nantes était décorrélée du marché auquel on s’adressait. En pratique, les documents internes sont rédigés en anglais, ainsi que notre site et la documentation. On a un temps limité, donc on communique de la manière la plus efficace pour nous. Le marché français a mis un peu plus de temps à comprendre le marché du cloud, même si ce sont des entreprises fondées par des français qui ont été parmi les pionniers.
5) Vous êtes sur un métier technique et qui peut paraître complexe pour des gérants de sociétés, comment faites-vous pour communiquer sur votre marque ?
Au tout début, on a galéré. On allait parler aux directions et personne ne nous comprenait, on était trop en avance sur les usages. Alors on a décidé d’aller parler directement aux développeurs. On a accru notre présence sur les conférences, on a été aux users groups locaux, on s’est baladés un peu partout en Europe et aux États-Unis. Le cœur de la boîte étant technique, on a pu se faire une très bonne image auprès des devs, avec une communication sincère et adaptée. La croissance a suivi, car les profils techniques ont une forte capacité de prescription. Les managers et les gestionnaires se sont aperçus que les devs bossaient mieux et ne perdaient plus de temps à s’occuper des serveurs. Maintenant on peut aller voir des banques et des assurances pour leur parler d’automatisation, avec des retours concrets sur l’amélioration de leurs processus et les économies qui vont avec.
6) Que vous réserve l’année 2017 ? Quels sont vos priorités pour les 12 mois à venir ?
L’année 2017 s’annonce très importante, avec une croissance qui s’accélère, et l’arrivée de clients de plus en plus gros. On a lancé une offre on premises, où on installe les outils d’automatisation de Clever Cloud directement chez le client. Ça nous permet de mettre en place des gros projets dans le secteur bancaire par exemple, où les devs rêvent de nos solutions d’automatisation mais où les contraintes d’exploitation les empêchent de partir sur du cloud public. On est en train de cross the chasm, de passer de clients très technophiles et avant-gardistes à des entreprises plus conventionnelles. Ça va nous permettre de rendre plus de développeurs heureux, que ce soit des membres de start-ups ou des employés de grands groupes.