Dimitri Régnier, est éditeur, entrepreneur et consultant en communication. Il a fondé sa startup Les Bookonautes en octobre 2016 avec 2 associés. Il travaille à Nantes au sein du Collectif Sans Shérif qui est aussi un espace de coworking dédié aux métiers du livre. Passionné par la littérature et le numérique , il nous explique ici les origines de son projet.
1) Bonjour Dimitri, tu viens de lancer une startup autour de la littérature, c’est original. Peux-tu nous en dire plus sur ce joli projet ?
Les Bookonautes est né d’une frustration, celle d’un lecteur/découvreur qui ne se reconnaissait pas dans les environnements fermés proposés par Amazon, Kobo ou Apple. Je ne trouvais jamais la petite gourmandise littéraire, la nouvelle ou le petit récit qui me permettrait de passer un petit moment agréable durant une pause ou un trajet de transport en commun. J’ai donc créé Les Bookonautes qui se revendique comme une maison d’édition indépendante. Son mode de distribution et de lecture se fait directement sur le web, car je pense que la nouvelle et la fiction courte correspondent bien à ce support.
2) L’idée principale est de réconcilier les Français avec la lecture, comment souhaites-tu procéder pour réussir ce challenge ?
D’abord, les Français ne sont pas fâchés avec la lecture, mais avec le temps qu’ils y consacrent. D’après la dernière étude en date du CNL (Centre National du Livre) 63% d’entre eux déclarent que le manque de temps et la concurrence des autres loisirs numériques (Réseaux sociaux, jeux vidéo, etc.) sont les principaux freins à la lecture plaisir*. Pour résoudre ce problème, nous avons décidé de permettre au lecteur de choisir le temps qu’il souhaite consacrer à sa lecture, avant de lui proposer un style ou un genre littéraire par exemple. Ensuite, nous nous concentrons par choix et par goût sur des fictions courtes d’auteurs. 5 à 15 min de lecture maximum. Nous avons choisi la nouvelle, car c’est un genre qui est mal représenté dans l’édition traditionnelle alors qu’une bonne histoire n’a pas forcément besoin d’être longue.
* Les Français et la lecture – CNL/IPSOS mars 2017
3) Tu es seul derrière les Bookonautes ? Quelles sont tes (vos) missions quotidiennes ?
Fort heureusement non, je ne suis pas seul derrière notre maison d’édition. Nous sommes trois personnes. Je m’occupe de la partie communication et marketing. Clément s’occupe de la partie éditoriale et plus largement du travail avec les auteurs ainsi que de la gestion de leurs droits. Enfin, Jean-Christophe assure la partie technique du site internet UX/UI, sa maintenance et de son évolution. lesbookonautes.fr est l’unique plateforme de consultation de nos fictions et nous en préparons une nouvelle version pour la rentrée de septembre 2017.
4) On parle toujours des réussites, mais parlons un peu d’échec. As-tu eu des difficultés à monter ton projet ? Comment t’en es-tu sorti ?
Les startup sont très à la mode, mais une entreprise culturelle comme Les Bookonautes n’entre pas vraiment dans les canons de financement que peut solliciter une startup, qui propose un service ou un produit physique. Par exemple, nos besoins en matériels sont très faibles alors que notre modèle d’affaires repose avant tout sur l’humain, (auteurs, graphistes, correcteurs, etc.) C’est un discours que j’ai parfois du mal à faire entendre à une banque ou lorsque je postule à un concours de startup. Sans parler d’échec, c’est une difficulté que je rencontre assez souvent.
5) Tu as fait appel à Startup Palace (un accélérateur de startups situé à Nantes), pourquoi ce choix ?
Je fais partie de ces gens qui croient beaucoup aux rencontres. Depuis le début de notre aventure, nous avons eu la chance de croiser le chemin de ceux qui sont aujourd’hui nos partenaires, en effet, la plupart sont venus à nous et non l’inverse. Ce fut le cas avec le Startup Palace qui nous a été recommandé par quelqu’un de proche dans mon aventure entrepreneuriale. Au-delà du passionnant travail sur notre modèle d’affaires que nous avons entrepris avec Startup Palace, cela contribue aujourd’hui à des relations durables très agréables.
6) D’ailleurs et selon toi, quels sont les avantages du coworking et des espaces de travail collaboratif ?
Dès le début de l’aventure Les Bookonautes, j’ai cherché le moyen d’être cohérent avec notre proposition de valeur. Permettre au lecteur d’investir des temps courts de son quotidien pour lire de la fiction. Cela voulait donc dire s’intéresser à l’univers de l’édition. Mon associé Clément, souhaitait en 2016 créer un espace de coworking dédié aux métiers du livre. Cet espace existe déjà à Nantes, il s’appelle Sans Shérif et fonctionne aujourd’hui depuis un an. C’est donc tout naturellement là-bas que le projet Les Bookonautes a trouvé są place au démarrage de son histoire. C’est un avantage important pour notre maison d’édition d’être entouré de professionnels qui sont au cœur du livre ; même si notre fonctionnement s’apparente plus à un site media et que nous ne publions pas de livres ni physique ni numérique.
7) Un dernier mot pour la fin ?
Une petite phrase que j’emploie souvent, elle est un peu provocatrice, mais résume assez bien notre philosophie. Une sorte d’appel à celles et ceux qui pensent manquer de temps pour lire. Notre temps de cerveau est précieux, y compris dans les petits moments comme les pauses ou les trajets de transport en commun, alors mieux vaut l’occuper avec de la littérature courte d’auteurs, qu’avec Candy Crush ou Facebook !
Crédit photo :
- Maëla Huon : grainesdinspiration.com
- Pierre-Alain Thibaut : pa-t.fr