Aujourd’hui responsable d’une entreprise de faire-part, Grégoire Monconduit dispose d’un CV qui ferait pâlir plus d’un entrepreneur nantais. Après un long parcours à Paris, Grégoire s’est installé à Nantes avec ses deux associés. Si ce choix ne fut pas évident pour lui, l’accueil nantais a été très apprécié par ce néo P’tit LU.
Après Jean-Philippe Tessier (Beemoov), c’est au tour de Grégoire Monconduit (Rosemood) de répondre à nos questions. Je lui laisse donc la parole !
1) Bonjour Grégoire, peux-tu nous raconter ton parcours ?
Bonjour Victor. Déjà j’adore le titre de ton article. Style et élégance : je crois qu’on ne m’a jamais fait un tel compliment (et ça se voit qu’on ne se connaît pas encore très bien, sinon tu n’écrirais pas une chose pareille…).
J’ai commencé à travailler en 2000 dans un cabinet de conseil en stratégie à Paris (le Boston Consulting Group). C’était une des voies classiques après mes études d’ingénieur. J’y suis resté 6 ans, en travaillant pour des clients dans la banque et l’industrie. C’était stimulant, parfois dur et éreintant, mais j’y avais de vrais bons amis, et il y avait donc aussi de vrais bons moments. Simplement, au bout de 6 ans, je n’étais plus capable d’assumer un tel niveau d’exigence, et je suis parti à la Fnac en ayant déjà en tête mon projet entreprenarial. J’y suis resté 18 mois, d’abord au marketing des CD et des DVD (eh oui….), puis j’ai géré l’activité Téléchargements de Fnac.com (la musique en mp3 sur Fnacmusic, la VOD, le e-book etc…). C’est à cette époque que j’ai commencé à travailler dans le web.
En parallèle de mon poste à la Fnac, je passais une bonne partie de mon temps libre à essayer de lever des fonds pour lancer ma propre boîte. Quand j’ai réuni environ 200 000 euros, je suis parti pour me mettre à plein temps sur mon projet. Antoine, mon associé, était à l’époque déjà à 100% : fin 2008, nous étions donc deux dans le même (petit) bateau.
Avec Antoine, nous avons essayé pas mal de choses sans réussir à décoller. Puis nous nous sommes associés avec Hélène fin 2009, et avons lancé notre premier site de faire-part de naissance en mai 2010. Ce site a tout de suite marché, c’était une période géniale où on fêtait chaque commande… L’année 2009 n’avait pas été facile, alors on a vraiment célébré nos bons débuts de l’époque.
2) Tu as quitté un poste de directeur à la FNAC pour lancer Rosemood, tu ne regrettes rien ?
Alors là pas du tout. En réalité à la Fnac, je n’étais pas la bonne personne au bon endroit, pour plein de raisons dont certaines qui me sont propres. Donc de toutes façons il aurait fallu que je parte. Ensuite si je n’étais pas parti, Rosemood n’aurait pas existé !
Avec Rosemood, j’ai vraiment le sentiment d’accomplir quelque chose, et de m’épanouir pleinement. Cette fois-ci je me sens vraiment à ma place ! J’apporte ce que je peux apporter, je progresse à mon rythme, et je n’essaie pas de me mentir en essayant de faire des choses que je ne suis en réalité pas capable de faire. Je pense même que Rosemood m’apporte beaucoup plus de bonheur que je ne l’aurais jamais imaginé au départ. J’ai saisi ma chance c’est sûr, mais je suis conscient d’avoir une chance folle.
3) À qui s’adresse l’atelier Rosemood ? Et que proposez-vous de mieux que vos concurrents ?
Nous nous adressons à tous ceux qui veulent créer un (très) joli faire-part de mariage, de naissance, de baptême, qui veulent un beau design moderne et élégant, et qui apprécient nos beaux papiers de création. Nous nous adressons à tous ceux qui valorisent aussi la qualité, la spontanéité et l’authenticité de notre service.
Nous proposons vraiment de très beaux designs, grâce à tous les créateurs avec qui nous travaillons. C’est d’abord cela que l’on voit sur nos sites. Ensuite, nous essayons d’offrir le meilleur service : chez la plupart de nos concurrents, la commande que vous personnalisez en ligne est imprimée directement, sans vérification. Or il est très difficile de savoir si ce que l’on voit sur son écran ressortira bien sur un papier de création. C’est pour cela que chez Rosemood, toutes les commandes sont vérifiées par nos équipes à Nantes : nous corrigeons l’orthographe, nous ajustons la mise en page des textes, et nous retouchons les photos avant de les imprimer. Et nous avons volontairement opté pour des méthodes d’impression très qualitatives, parfois plus lentes ou plus coûteuses, mais qui nous garantissent un produit fini presque irréprochable. Et quand ça ne l’est pas, évidemment nous recommençons, sans frais pour le client.
4) Fin 2011, vous avez choisi de quitter Paris pour grandir à Nantes, pourquoi ? Ce choix s’est-il avéré payant ?
Dès que Rosemood a décollé et est devenue rentable, mes associés Hélène et Antoine ont commencé à faire le forcing pour me convaincre de quitter Paris. Moi je ne voulais absolument pas : j’avais passé 30 ans à Paris, j’y étais très heureux et je ne voyais pas quel était l’intérêt de partir. Mais ils ont tellement insisté que j’ai fini par me laisser convaincre, et nous avons choisi Nantes pour des raisons personnelles (proximité avec la Bretagne notamment), et aussi parce que Nantes était déjà en 2011 une des villes les plus actives en France dans le numérique. On a senti que nous serions bien entourés sur place, ce qui a été le cas avec le soutien de La Cantine qui nous a accueillis à bras ouverts. L’accueil de la Ville de Nantes a été génial aussi, et nous avons maintenant le sentiment de faire partie d’un écosystème qui fait tout pour rendre Nantes encore plus attractive qu’elle ne l’est déjà.
Avec le recul, je me rends aussi compte que nous n’aurions certainement pas grandi aussi facilement à Paris. Depuis que nous sommes à Nantes, nous sommes passés de 15 à presque 80 personnes, nous avons monté un atelier d’impression de toutes pièces qui n’est qu’à 20 minutes de nos bureaux. A Paris, cela aurait été beaucoup plus complexe et plus coûteux, et nous n’aurions peut-être même pas internalisé l’impression. Et puis, surtout, nous pouvons offrir à nos équipes nantaises des conditions de travail et de vie beaucoup plus attractives qu’à Paris. Le contrat est totalement différent.
5) En tant que dirigeant d’entreprise de presque 80 salariés, quelle est ta vision des nouveaux modes de management ?
Vaste sujet…
Je suis avant tout attentif à la cohérence globale d’un projet entrepreneurial. Par exemple, si une entreprise communique sur ses modes de management innovants, mais continue à sur-optimiser sa fiscalité globale pour payer le moins d’impôts possible dans tous les pays où elle est présente, pour moi il y a une part de mystification. Mais dès que le projet est cohérent, que l’entreprise se pose des questions sur ses modes de management mais aussi sur son rôle citoyen, sur sa pierre à l’édifice public que peuvent représenter ses impôts (divers et variés…), sur sa responsabilité environnementale, alors là oui ça devient vraiment intéressant.
Ensuite c’est évidemment génial que l’on se pose toutes ces questions, et que beaucoup de dirigeants, jeunes et moins jeunes, tentent ces nouvelles choses. Ce qui est fondamental, je pense, c’est de ne pas appliquer un modèle prêt à l’emploi, quel qu’il soit, mais de créer le sien en fonction de sa personnalité, de ses objectifs, des personnes avec qui l’on travaille. Il y a du bon à prendre un peu partout, dans les modèles que l’on dit dépassés comme dans les modèles dits novateurs. Si le modèle de management n’est pas cohérent avec les dirigeants et les équipes qui le portent, ça devient plus compliqué.
Mais c’est vrai que ce serait pas mal si l’intention pouvait être commune à tous les modèles mis en place dans les entreprises : faire en sorte que les équipes soient heureuses, progressent, s’accomplissent dans leur travail au quotidien, et soient fières de venir tous les jours. J’espère que l’on va bien dans cette direction chez nous, en tous les cas on s’active pour cela !
6) Dernière question : quel est ton produit préféré sur Rosemood et pourquoi ce choix ?
Tu vois on pose systématiquement cette question à tous nos candidats, mais je crois que c’est la première fois que j’y réponds ! Actuellement mon produit préféré est une carte de vœux avec dorure : nous venons de sortir cette finition et nous en sommes très fiers ! On a souhaité appliquer le procédé presque ancestral de la dorure à chaud, qui est le seul aujourd’hui à garantir la qualité que l’on souhaite obtenir. Et nous sommes hyper contents des premiers résultats ! C’est génial de lancer quelque chose de nouveau, et de voir qu’il marche tout de suite. Ce n’est pas toujours le cas, on se plante aussi parfois, donc ce qui se passe en ce moment chez nous avec la dorure nous fait profondément plaisir 🙂
Et pour la carte de voeux, je vous laisse décider par vous même !